L'Histoire de Chichen Itza.
Cette ancienne cité maya doit son existence à la présence de deux puits naturels ou cénotes, dont le plus grand, considéré comme sacré, faisait encore l'objet d'un important pèlerinage au moment de l'arrivée des Espagnols. Chichén Itzâ surprend par son architecture hybride, métissage du style maya régional et toltèque. Selon les légendes, c'est Quetzalcoatl, roi toltèque de Tula, qui aurait été, en 987, le fondateur d'une nouvelle cité, bâtie au Nord de l'ancien centre cérémoniel Puuc. Une version de l'histoire longtemps accréditée par les archéologues mais qui semble contestée par les données fournies par le récent déchiffrement des textes glyphiques découverts sur le site. Selon certains mayanistes, la construction de Chichén Itzâ est due à un même peuple de Mayas mexicanisés, les Itzâs. Ainsi, au IXe siècle, au moment où disparaissent les royaumes mayas du Petén et du Yucatân, Chichén Itzâ émerge comme nouvelle puissance politique au sein d'un vaste empire conquis par la force. Durant ses deux siècles et demi d'apogée, la cité se dota d'imposants monuments, comme le Castillo, où règne l'iconographie d'un roi anonyme, symbolisé par le serpent à plumes et celle du guerrier, artisan de la puissance des Itzâs. Ce site exceptionnel, le plus couru du Mexique, offre au visiteur peu pressé un étonnant panorama d'architectecture mélange de baroque et de sévérité, tout en révélant les aspects les plus contradictoires des Mayas, paisibles astronomes et guerriers sanguinaires. |
" Près du puits des Itzas ". Un peuple de navigateurs appelés Itzâs aborde côtes orientales du Yucatân à la fin du VIIIe siècle. Ces marchands-guerriers, probablement des Mayas fortement mexicanisés, fondent un port permanent l'île Cerritos, à l'embouchure du Rio Lagartos. La conquête commerciale et militaire de la péninsule yucatèque se fait progressivement depuis leurs positions fortifiées sur la côte. Repoussés par les rois de Cobâ, les Itzâs finissent par s'établir, au début du IXe siècle, à proximité d'un profond cenote, à 20 km au Nord de Yaxunâ. Chichén Itzâ " près du puits des !tzâs ", tel est le nom de la nouvelle ville, prend de l'importance tandis que déclinent les royaumes trop morcelés de Puuc à l'Ouest et de Cobâ à l'Est. |
"Un empire sans roi". À la différence des Mayas du Sud qui s'enferrent dans un système politique obsolète fondé sur la rivalité entre les différentes cités gouvernées par des rois s'affirmant de descendance divine, les nobles Itzâs inaugurent le principe du partage du pouvoir. Tout en renouant avec d'anciennes traditions oubliées, ils révolutionnent les institutions royales en créant de nouvelles lois, de nouveaux rituels et symboles, en partie inspirés de traditions mexicaines. L'édification de grands ensembles architecturaux intégrant des influences toltèques est le nouveau mode d'expression de ces dirigeants cosmopolites. Le portait individuel sur stèle est remplacé par une assemblée de personnages sculptés sur les piliers de grandes colonnades, ou les linteaux et les parois des temples. La date de 842, relevée sur la tombe du Grand Prêtre (probablement la plus ancienne du site), semble confirmer les Itzâs comme nouvelle puissance politique ainsi que le début de l'expansion de la ville, capitale d'un vaste territoire qui se révélera plus important que celui d'aucun roi maya de l'époque classique. Des textes glyphiques découverts dans un temple associé à une résidence nobiliaire fournissent les noms de deux ou trois générations de femmes, génitrices de princes issus du même lit qui semblent gouverner en même temps. Portant tous le titre de yahau kak, " seigneur de feu ", ces frères partagent le pouvoir, inaugurant le système de multepal ou de confédération qui prévaudra après la chute de Chichén Itzâ vers 1195. |
Une ville de pèlerinage. Après la fondation de Mayapân (1250-1450) dirigé par la dynastie des Cocoms qui, durant la Conquête, se prétendra être la descendante des anciens dirigeants de Chichén Itzâ, la ville perdit son rang de capitale politique (aucun monument important ne fut érigé après 1200), mais resta un centre religieux Important. Le pèlerinage au cenote du sacrifice, lieu où on jetait des offrandes destinées au dieu de la Pluie, demeura célèbre ainsi qu'en témoignent plusieurs récits d'Espagnols parmi lesquels celui de Diego de Landa en 1566. La ville fut un moment occupée par les Espagnols en1533 qui baptisèrent Castillo la grande pyramide de Kukulkân. En 1904-1907, le consul des États-Unis, Edward Thompson, acheta l'hacienda de Chichén Itzâ pour y entreprendre des fouilles et faire draguer le grand cenote. Les véritables travaux d'exploration et de consolidation des principaux batiments ne furent entrepris qu'à partir de 1923, sous la direction de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire et la Carnegie Institution de Washington. En 1960 et 1961, le cenote sacré fut de nouveau exploré par l'INAH et la National Geographical Society, ce qui permit la découverte d'offrandes. |
Selon des sources mayas postérieures à la Conquête, c'est le roi toltèque de Tula, Topiltzin Quetzalcoatl, qui aurait fondé Chichèn Itzà en 987. Il y installa la dynastie Itzà avant de repartir pour le Mexique central, où il serait mort en 999. Son nom, "le serpent à plumes ", fut traduit en maya yucatèque par Kukulkàn. |