EDZNA |
EDZNÀ . Située dans une vallée isolée, la ville d Edznâ " maison des Itzâs " ou " de l'écho " fut occupée par des groupes mayas, peut-être venus du Petén, dès 600 av. J.C, et habitée sans interruption jusqu'au XVIe s. Après une première période d'apogée (100 av. JC-600 après JC) durant laquelle furent construits la majorité des monuments, la cité maya connut un regain d'activité durant le classique récent (600-850). Indifféremment classée dans la catégorie des sites Chenes ou Puuc, elle s'en distingue cependant par une certaine indépendance politique et stylistique. À cette époque, elle était un comptoir commercial florissant entretenant des relations avec les peuples Puttin de la région côtière (Champotôn et Xicalango). Découvert en 1907, le site ne fut fouillé systématiquement qu'à partir de 1958. De 1986 à 1995, les travaux de restauration ont été financés par le Haut Commissariat aux réfugiés, dans le cadre de la réinsertion des Mayas du Guatemala ayant fui les exactions des militaires de leur pays. La ville, d'une superficie totale de 25 km2, dont l'existence était assurée par un vaste réseau de drainage des eaux de pluie, comporte deux groupes d'édifices reliés par un sacbé " chemin blanc" dans le dialecte maya du Yucatân). Celui de l'Ouest, encore enfoui sous un épais maquis, est dominé par la Vieja Hechicera. Celui de l'Est, organisé autour de la Grande Acropole et appelé groupe du Centre cérémoniel, est celui que l'on visite. Il s'ordonne autour de la Plaza Principal, place rectangulaire de 170 m de longueur sur 100 m de largeur autrefois couverte de stuc et légèrement inclinée vers le Sud pour évacuer les eaux de ruissellement vers un canal. Elle est limitée par diverses constructions dont les plus importantes se situent sur une grande plate-forme haute de 6 m, la Grande Acropole, desservie par un large escalier entre deux édifices pyramidaux de style du Petén. Au sommet, se dresse la pyramide aux Cinq Étages, de 60 m de côté et 31 m de hauteur, composée de cinq massifs en retrait les uns par rapport autres. Des glyphes sculptés sur les quatre grandes marches du soubassement, on a extrait la date de 652. La terrasse supérieure est surmontée d'un temple couronné d'une haute crête à claire-voie, endroit d'où l'on bénéficie d'une belle vue sur les environs. Cette pyramide présente la particularité d'être pourvue, à chacun de ses étages, sauf au rez-de-chaussée, de galeries voûtées; les galeries les plus anciennes sont construites en pierres soigneusement appareillées et les plus récentes en pierres noyées dans un mortier de chaux. Au premier étage, on a reconnu, dans la seconde galerie, les vestiges d'une construction plus ancienne de style Chenes , alors que, au quatrième étage, les colonnes monolithiques sont de style Puuu. Sur la plate-forme de l'acropole, vous verrez encore un bain de vapeur (temazcal), le patio Puuc, ensemble de constructions à colonnes à l'angle Nord-Ouest et la maison de la Lune (Paal u'nâ) au Sud. La Petite Acropole est le complexe le plus ancien d'Edznâ. Sur une plate-forme de 75 m de côté, quatre édifices font face aux quatre points cardinaux. Construits durant le classique ancien (300-600) dans le style du Petén, ils ont été modifiés à la fin du classique récent (900-1000) et à l'époque postclassique (1000-1450). C'est à cette époque que les populations d'origine chontale ont rassemblé, au pied de l'escalier central, différentes stèles prélevées à d'autres édifices; datées de 652 à 810, elles donnent la liste d'une dizaine de seigneurs qui gouvernèrent Edznâ à partir de 350. L'édifice le plus important est le temple de l'Escalier à reliefs tourné vers l'Ouest. Sur les marches, des reliefs modelés en stuc montrent des personnages assis ou en pied, des jaguars, des motifs géométriques, le dieu solaire et des glyphes. Au pied de cette acropole, le temple des Masques, du classique ancien, est orné de deux superbes masques du dieu solaire, modelés en stuc et polychromes. Encadrant l'escalier qui mène au temple, ils représentent le soleil sous son aspect diurne et nocturne, au moment de son lever à l'Est et de son coucher à l'Ouest. Traversez le terrain de jeu de balle où vous noterez la présence d'un anneau en basalte encastré dans le talus et dirigez-vous vers le Nohochnâ, longue plate-forme supportant quatre vastes pièces. L'aménagement d'un large escalier qui pouvait servir de tribune lors de cérémonies ayant lieu sur la place principale, laisse à penser qu'il s'agissait de pavillons d'audience. La place est fermée au Nord par la plate-forme des Couteaux (Plataforma de los Cuchillos), où on a mis au jour une offrande de couteaux en silex (600-900). De style Puuc, autrefois couvert de stuc peint en rouge, l'édifice comptait vingt chambres voûtées, dont certaines, plus tardives, construites en matériaux périssables. En sortant, remarquez parmi la trentaine de stèles découvertes in situ la stèle 21, datée du 17 septembre 726. Le huitième seigneur d'Edzna, identifié au soleil nocturne, y est représenté en pied, le visage de profil, coiffé de plumes de quetzales. Il brandit de sa main droite le sceptre manikin et serre dans sa main gauche une massue de guerre à trois pétales; sa ceinture à sonnailles s'orne de masques de jaguar. O |