Les Mayas aujourd’hui.
Depuis le XVIe siècle, Indiens et Espagnols, vivant côte à côte en Amérique latine, ont fusionné. Les Maya n’ont cependant pas quitté leurs anciens territoires. Au Guatemala et dans les États mexicains du Chiapas et du Yucatán, il y avait en 1984 trois millions et demi de citoyens guatémaltèques ou mexicains qui parlaient encore une langue maya, répartis en six sous-groupes : Quiché, Mam, Pokomam, Chol, Maya proprement dit et Tzeltal. Au Mexique, ils étaient 520 000 en 1990 qui parlaient en majorité le yucatèque. Au Guatemala (trois millions sur une population de quatre millions), on enregistre vingt variétés de langue maya parlées par les trois quarts de la population. Les plus répandues sont le quiché, le kakchiquel, le mam et le kekchi.
À l’exception de quelques centaines de Lacandons vivant dans le Chiapas, tous les Maya ont été christianisés dès le XVIe siècle. Néanmoins, certaines coutumes ancestrales populaires subsistent sous la forme de science occulte, de magie. Les villages indigènes se choisissent un shaman qui joue le rôle de l’ancien grand prêtre. Il connaît encore des bribes de l’ancien calendrier sacré, les noms des vingt jours, les quatre jours « porteurs de l’année », les seuls par lesquels peut commencer une année rituelle. Il est chargé des cérémonies qui doivent amener la pluie après plusieurs mois de saison sèche : le cerro, la montagne la plus proche, remplace la pyramide ; il y monte sacrifier un coq, fait couler le sang, le mélange avec du copal dont la fumée odorante s’élève dans les airs. Il n’invoque plus le dieu Chaak, mais il supplie la Vierge Marie de « laisser couler ses larmes » (les Aztèques faisaient pleurer les enfants qu’ils conduisaient au sacrifice pour que l’eau amène l’eau).
Pour calculer les dates des appels successifs de la pluie, le shaman emploie le système vigésimal. Il n’est d’ailleurs pas le seul à compter par vingtaines : la femme en couches par exemple observe une diète de vingt jours. Mais le shaman est le seul à savoir faire les présages. Il sait que du jour de la naissance dépend toute la vie, et le père d’un nouveau-né va le consulter pour savoir si l’enfant est né un bon ou un mauvais jour, et si c’est un jour néfaste, le shaman saura peut-être écarter les mauvais esprits.