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Politique et religion.

L’organisation politique et sociale des Maya, leur religion nous sont fort mal connues. Le document de base pour l’étude de ces questions est la Relación de l’évêque Diego de Landa, dont les enquêtes parmi les indigènes de son diocèse ont l’avantage d’avoir été faites très peu de temps après l’arrivée des Espagnols. Déjà, à cette époque, la civilisation maya avait bien dégénéré. Cependant l’iconographie classique permet de penser qu’il y avait eu une certaine continuité dans les mœurs.

On parlait, au début des études maya, d’un ancien empire dans les terres basses de la zone centrale et d’un nouvel empire au Yucatán. Ces termes ont été abandonnés parce que les Maya n’ont jamais été unifiés sous un pouvoir central. Ils dépendaient de nombreuses cités-États indépendantes, ayant chacune son administration particulière.

À la tête de chaque cité se trouvait un halach uinic, « le vrai homme ». C’était à la fois le chef politique, le juge suprême et le chef religieux. Ses sujets lui versaient des impôts en travail et en nature. Le titre de halach uinic était héréditaire. Le halach uinic est souvent représenté assis sur un trône, comme dans le magnifique linteau sculpté de Piedras Negras qui se trouve au musée de Ciudad Guatemala. Il figure aussi dans les fresques de Bonampak, sur certains vases peints, etc.

Ce souverain était assisté de conseillers appelés batab, qui étaient parfois des chefs locaux représentant le halac uinic. En cas de guerre, ils commandaient les troupes. Ils jouaient un rôle actif dans les cérémonies, ainsi qu’on le voit dans les fresques de Bonampak où trois batab sont revêtus par des serviteurs de parures luxueuses avant de paraître dans un cortège.

Le chef militaire, le nacom, était responsable de la stratégie. Ce poste changeait de titulaire périodiquement.

Ces grands personnages, leurs alliés et parents, formaient la couche supérieure de la société, la noblesse. Les nobles occupaient les postes administratifs et collectaient les impôts pour le souverain.

Le clergé formait également une classe nombreuse. Les prêtres, ou Ah Kin, se succédaient de père en fils. Leurs responsabilités couvraient de nombreux domaines : écriture, chronologie, almanach sacré, connaissance des jours fastes et néfastes, médecine, organisation des cérémonies, éducation des futurs prêtres. Un prêtre appelé chilam était spécialement chargé de recevoir les messages des dieux ; pour cela il entrait en transes (vraisemblablement à l’aide de narcotiques) ; l’assemblée des prêtres interprétait ses prophéties. Enfin il y avait un prêtre sacrificateur appelé nacom, comme le chef des armées, assisté de quatre vieillards, les chacs.

Les membres du clergé étaient tenus à des jeûnes et à des abstinences très sévères. Ils s’imposaient des mortifications consistant à répandre leur propre sang en se faisant des entailles dans le lobe de l’oreille ou en se transperçant la langue avec une épine de maguey.

En bas de l’échelle sociale, le peuple. Essentiellement agriculteur, il cultivait pour lui-même. Mais c’est à lui qu’incombait en outre la lourde tâche de pourvoir à tous les besoins des classes non productives. Il devait leur fournir aliments et vêtements, main-d’œuvre pour les travaux publics, y compris les innombrables constructions sans cesse renouvelées et décorées à profusion dans les centres cérémoniels. Les ouvriers maya ne disposaient d’autres outils qu’en pierre et en bois, d’aucun animal de trait, d’aucun moyen de transport puisqu’ils ignoraient la roue. On a peine à imaginer la somme des effectifs nécessaires pour construire, dans ces conditions, une des pyramides de Tikal, ou encore pour tailler et sculpter les vingt mille petits blocs de pierre avec lesquels est faite la mosaïque du palais du gouverneur à Uxmal.

Les esclaves formaient une classe à part. Les délinquants de droit commun étaient condamnés à l’esclavage, mais il leur était possible de se libérer en accomplissant une certaine somme de travail. Les guerriers qui ramenaient des prisonniers pouvaient les garder comme esclaves, ou les remettre aux prêtres pour servir de victimes sacrificielles, ou les vendre comme une marchandise. La Malinche, qui servit d’interprète à Cortés auprès de Moctezuma, était une jeune femme d’origine noble parlant la langue des Aztèques, esclave en pays maya.

La religion des Maya, qui a imprégné toute leur civilisation, est encore très mal connue. À l’origine il y avait un créateur, Hunab, dont le fils, Itzamna, avait fait présent aux Maya de l’écriture, des codex et du calendrier. Il était souvent associé au dieu du soleil Kinch Ahau. Mais c’étaient là des dieux très lointains, inaccessibles au petit peuple, qui se sentait beaucoup plus concerné par les humeurs de Chaak, le dieu de la pluie, représenté avec un grand nez dans les codex et les sculptures. Il était important de s’assurer la bonne volonté de Kukulkan, le dieu du vent, et surtout du dieu du maïs, un jeune homme portant des épis dans sa chevelure. Ah Puch, le dieu de la mort, avait un crâne décharné et une quantité de sonnettes ; il accompagnait souvent le dieu de la guerre, Ek Chuah. Le panthéon maya était peuplé d’une infinité d’autres dieux présidant aux jours, aux uinal, aux katun, à tous les phénomènes de la nature, etc.

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