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TULUM.

Tulum dans l'histoire.

Un Espagnol au service du cacique.

Le nom ancien de Tulum (" fortification" en yucastèque) est Zamâ (l'aube). La ville fut peut-être fondée dès le VIe s. de notre ère si l'on se réfère à une stèle trouvée sur place et correspondant à l'an 56 mais les monuments actuels ne sont pas antérieurs à 1200. Débouché maritime de Mayapân, elle fut édifiée de 1250 à 1400 pour surveiller les routes commerciales autour de la péninsule du Yucatân. Au contraire des grands centres voisins, Tulum était encore grouillante d'activité au moment de la Conquête. Juan de Grijalva, l'apercevant lors d'une expédition de reconnaissance en 518, la compara à Séville. Un des rescapés du naufrage qui eut lieu de l'île de Cozumel en 1511, Jerônimo de Aguilar servit le cacique de Tulum avant de rejoidre les troupes de Cortés en 1519. C'est lui qui permit la communication avec la Malinche avant qu'elle n'apprenne l'espagnol.

Gonzalo Guerrero, l'un des deux survivants espagnols de l'expédition maritime de 1511 qui fit naufrage au large de l'îie de Cozumel, avait réussi à gagner la confiance des Mayas qui l'avaient épargné. Ayant échappé à l'autel du sacrifice, il prend femme et se conforme aux coutumes locales, puis reçoit les responsabilités de cacique et de capitaine de guerre. À la lettre envoyée par Cortés en 1519 depuis le Tabasco, dans laquelle il prapose son rachat et lui demande de le rejoindre, Guerrera oppose un surprenant refus. Face aux exactions des Espagnols, il choisit son camp et, depuis la région de Chetumal où ii réside, prend la direction des opérations militaires. En 1527, Francisco de Montejo l'Adelantado débarque près de Tulum avec quatre cents hommes et lui adresse une nouvelle missive Où il lui rappelle qu'il est chrétien et doit servir Dieu. Dans sa réponse, Guerrera se dit esclave et dans l'impossibilité de partir. Grâce à lui, les Mayas réussissent à repousser les attaques des conquistadores pendant près de vingt ans. Il fut tué au cours de la sanglante bataille de Chetumal en août 1536. Un rapport signale qu'il était nu, son corps peint, et qu'il ressemblait à un Indien. Une statue le représente avec sa femme et ses enfants mayas sur la place d'Akumal.

Au cœur de la guerre des castes.

La cité fut abandonnée une vingtaine d'années la conquête du Yucatân en 1544, mais les Mayas continuèrent à fréquenter les ruines pour y célébrer un culte des ancêtres. Stephens, qui y accosta en 1842, nota le bon état de conservation des monuments et y fit quelques fouilles. En 1847, commença la guerre des castes; Tulum devint le point de ralliement d'une série de villages rebelles dirigés par Maria Uicab. Les premières fouilles conduites par Sylvanus Morley furent entreprises en 1916-1922. Le site fut à nouveau exploré à partir de 1938 par des archéologues mexicains. En 1974, on procéda à d'imposantes restaurations incluant la reconstruction partielle du mur d'enceinte.

TULUM.

RECINTO (muraille d'enceinte).

La ville était protégée par un mur d'enceinte sur les trois fronts terrestres, le quatrième coté, à l'Est, étant naturellement fortifié par des falaises dominant la mer des Caraïbes. L'espace ainsi circonscrit s'étend sur 380 m du Nord au Sud et 165 m d'Est en Ouest. Le rempart, haut de 3 à 5 m et d'une épaisseur moyenne de 6 m, fut percé de cinq portes couvertes de dalles; celle du Nord-Est comprenait deux petites chambres aménagées dans l'épaisseur de la muraille. Au sommet du mur se trouve un chemin de ronde protégé par un parapet, auquel on accédait par des escaliers. Sur ce chemin de ronde s'élevaient quelques petits édifices à cellule unique, sans doute des postes de garde ou des repères pour les marins. Le rempart s'interrompt à une dizaine de mètres du rebord de la falaise, l'intervalle ayant dû être protégé par une palissade érigée en matériaux périssables. À l'angle Sud-Ouest de cette enceinte aboutissait un autre mur qui défendait un espace vide de monuments s'étendant au Sud du centre cérémoniel. La découverte de vestiges d'habitations simples sur près de 6 km le long de la côte laisse penser que seule la classe dirigeante habitait la zone fortifiée.

ESTRUCTRURA 20 (maison du Chultûn). Résidence d'un haut dignitaire, cet édifice à portique est composé de deux galeries parallèles ; celle du fond renferme un petit sanctuaire. Les murs étaient décorés de peintures dont il reste quelques traces. À l'angle Sud-Ouest se trouve un chultùn, réservoir souterrain d'eau pluviale recouvert de dalles de calcaire. Sur le côté Sud s'étend une terrasse avec, au centre, une tombe de plan cruciforme qui contenait un squelette entouré de mobilier funéraire et de vestiges d'offrandes alimentaires. En face, à l'Ouest, une petite plate-forme supporte la stèle 2, qui porte une inscription calendaire correspondant à1261 de notre ère.

TEMPLO DE Los FRESCOS (temple des Fresques). Cet édifice résulte de l'agrandissement d'une petite structure initiale décorée de fresques, qui s'ouvrait à l'O. vers la rue principale; elle fut ensuite entourée, sur trois côtés, par un portique avec une aile en retour d'équerre sur chacun des côtés Nord et Sud. Le portique occidental comprend quatre colonnes surmontées d'un abaque tandis que les ailes Sud et Nord s'ouvrent par trois baies rectangulaires. Plus tard, l'aile Nord fut en partie remblayée pour renforcer la construction lorsque fut érigé, au-dessus de la chambre aux fresques, un petit temple voûté à chambre unique.

Décoration extérieure. Sur la façade Ouest du temple inférieur, au-dessus de l'architrave, une frise à deux registres est creusée de trois niches; celle du centre renferme une sculpture en stuc du dieu descendant, tandis que les niches latérales sont ornées d'un personnage assis portant une coiffure très élaborée. Entre les moulures et les niches, notez d'autres reliefs figurant un personnage enlacé probablement par un serpent. Chacun des angles est occupé par un masque du vieux dieu ltzamnâ. Le temple supérieur présente une façade sobre, avec une niche au-dessus de la porte d'entrée qui renfermait un relief du dieu descendant.

Fresques. Le temple intérieur ainsi que la structure postérieure qui l'entoure ont conservé un décor peint de couleur turquoise sur fond noir (1300-1450). Le style rappelle les codex mixtèques et certains éléments de l'iconographie suggèrent des contacts avec les populations mexicaines des hauts plateaux. Cependant le traitement reste indubitablement maya. Entre les bandes cosmiques du ciel et l'infra-monde évoluent dans un décor végétal différentes divinités - Chac, lx-Chel, le dieu K, la déesse du Maïs - qui célèbrent des lites liés à la culture du maïs.

GRAN PALACIO (Grand Palais). Cette imposante structure bâtie sur une plate-forme comporte une aile à deux galeries parallèles (l'une, avec une colonnade axiale, s'ouvrait par un p0l1ique au S.) et une aile en équerre, à l'O., avec sa propre entrée, peut-être ajoutée ultérieurement. Les fenêtres extérieures sont décorées de barres en stuc disposées en croix de Saint-André, tandis qu'à l'intérieur, des anneaux placés de part et d'autre des fenêtres suggêrent une fermeture par des rideaux. x

 

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