UXMAL dans l'histoire.
Trois fois construite. La traduction du terme Uxmal. qu'il signifie en maya yucatèque " trois fois " (Ox-Mal) ou encore " cueillette abondante " (Ux-Mal), fait allusion à la fois à la fertilité de cette vallée, considérée comme le grenier du Yucatân, et à la longue histoire de cette cité maya, qui aurait connu deux, voire trois périodes d'occupation. En effet, l'histoire d'Uxmal est sujette à de nombreuses interprétations enonées. Avant que des fouilles sérieuses ne soient entreprises, beaucoup considéraient qu'elle était une fondation des Xius, dynastie, dont l'origine même est controversée, dirigeant le petit État de Mani au moment de la Conquête. Cette hypothèse se fondait sur l'étude de diverses sources historiques, tels les Livres de Chilam Balam et les chroniques d'auteurs mayas et espagnols relatant des événements survenus au Yucatân entre le XIe et le XVe s. On y affirme que le fondateur de la ville (vers 990) aurait été Ah Zuitok Tulul Xiu, originaire de l'Altiplano mexicain - tout au moins ses ancêtres qui auraient ainsi emprunté le chemin suivi par Kukulkân -, mais cette version est contredite par:d'autres textes mayas et par l'archéologie. Une cité d'époque classique. Des recherches récentes ont permis de dater du Ve siècle de notre ère la fondation probable d'Uxmal et de situer son apogée au classique récent (600-900), mais le site fut habité dès le préclassique, vers 800 avant JC. Cette chronologie est étayée par l'étude de la céramique et par la datation au carbone 14 : l'examen d'un linteau de bois du temple 1 a permis d'établir que l'arbre dont il provient a cessé d'être un organisme vivant en 569 + ou - 50 de notre ère. Durant cette période faste, les dirigeants d'Uxmal - peut-être issus des lignages xiûs - entretiennent des relations avec d'autres villes de la péninsule, notamment Chichén Itzâ, mais conservent leur indépendance. Les rares inscriptions en glyphes mayas qui ornaient les stèles et les autels ont permis d'établir l'existence du roi Seigneur Chac, lequel aurait régné au début du Xe s. La redécouverte d'Uxmal. À l'instar de Chichén Itzâ, Uxmal est abandonné vers 1200, époque à laquelle est fondé Mayapân, capitale d'un nouvel État fort dans le Nord du Yucatân. Les princes Xiûs sont contraints de vivre à Mayapân, comme les autres chefs mayas, où ils servaient en quelque sorte d'otages aux tout-puissants Cocoms. Finalement, en 1441, Ah XupânXiû, chef d'une coalition, vainc les Cocoms et fait incendier Mayapân. Les Xiûs eux-mêmes désertent la capitale et fondent Manî. On doit les premières descriptions des mines d'Uxmal à Stephens et Catherwood durant leur périple au Yucatân en 1841. C'est Frans Blom qui réalise les premières fouilles en 1929, chantier qui est repris par Silvanus Morley de la C. Institution of Washington en 1941. Les travaux de conservation ont été entrepris en 1943, sous l'impulsion du ministère de l'Éducation nationale, et se sont poursuivis jusqu'à nos jours, mais avec une activité accrue ces dernières années, au cours desquelles de nombreux bâtiments ont été restaurés. Puuc, une région, un style. Il existe dans le Sud-Ouest du Yucatan et le NORD-D. du Campeche un paysage de basses collines, dénommé en maya pays Puuc. Cette zone triangulaire qui couvre une superficie de 7500 km2, où l'altitude ne dépasse pas 100 m, est plus fertile que le reste de la péninsule, ce qui explique la forte concentration de population à l'époque préhispanique. Puuc est devenu le terme consacré pour désigner un style architectural qui s'y développa durant le classique récent (750 -1000).11 se caractérise par l'emploi de maçonnerie en parement et une abondante ornementation en mosaïque de pierre, limitée cependant à la partie supérieure des édifices. Sur la frise encadrée de corniches chanfreinées abondent des motifs variés mais répétés à l'extrême. Interviennent ainsi dans les décors des " jalousies ", des grecques scalaires, des rangées de petites colonnes sur lesquelles se détachent des ornements en fort relief: serpents bicéphales, dignitaires, guerriers, tortues, hiboux et surtout les séries de masques stylisés du dieu au long nez, thème récurrent. Des crêtes faîtières surmontent quelquefois la façade d'édifices importants. Outre ce style Puuc tardif qui s'est développé après 850, on note dans une première phase (à partir de 600) des influences des régions voisines de Campeche et du Petén. Celles-ci se traduisent notamment par une décoration qui descend sur la partie inférieure de la façade, rythmée par des colonnes saillantes ou s'ouvrant sur la gueule du monstre terrestre. |